Empreinte musicale par Marie-Josée Turcotte

mercredi, 22 février, 2017

Le souvenir, même plus de 40 ans plus tard, demeure extrêmement clair : je me revois, accoudée contre le comptoir de la cuisine, en train d’écouter la musique qui s’échappe de la vieille radio de ma mère. Et je sanglote sans retenue, tout simplement parce que cette musique est belle et parce que la voix qui accompagne cette mélodie est d’une profonde mélancolie.

Je n’ai que 5 ou 6 ans, mais déjà, je comprends que la musique a un pouvoir immense : celui de toucher aux émotions et de créer des ancrages solides et indélébiles avec certains souvenirs. Ainsi, pour toujours, la musique d’Ennio Morricone, composée pour le film Il était une fois dans l’ouest (film que je n’ai vu que beaucoup plus tard dans ma  vie) sera associée à mon éveil musical.


Premier ancrage : la musique d’Ennio Morricone, composée pour le film Il était une fois dans l’ouest

Comme bien des jeunes, la musique a pris énormément de place dans ma vie durant l’adolescence. À 12 ans, tous les dimanches matins, j’écoutais religieusement le top-40 des meilleures chansons avec l’animateur Casey Kasum sur CKGM, une station anglophone de Montréal. En peu de temps, je suis devenue une véritable encyclopédie de la musique américaine et britannique.

C’est aussi durant cette période d’essais et erreurs assez foisonnante que j’ai appris à jouer de la musique avec mes cousins. C’est en tentant d’apprendre les accords de guitare du grand classique de Led Zeppelin, Stairway to Heaven, que j’ai compris que je n’en ferais pas carrière…


Stairway to Heaven – Led Zeppelin

Aujourd’hui encore, dès que j’entends cette chanson ou encore, ce vieux hit du groupe The Troggs, Wild Thing, je ne peux m’empêcher de rire. Je crois bien avoir « tenté » de jouer ces succès des milliers de fois ! Ces chansons ne sonnent plus du tout « sexy » à mes oreilles, mais elles me rappellent une époque heureuse, où je partageais une passion avec mes adorables cousins. L’empreinte est forte et indélébile, comme de l’encre noire.


Wild Thing – The Troggs

Des chercheurs se sont certainement penchés sur ce phénomène, mais il demeure néanmoins obscur à mes yeux, du moins jusqu’à ce jour : pourquoi certaines chansons provoquent-elles un effet similaire à une drogue euphorisante, au point où l’on peut les écouter en boucle vraiment longtemps avant de s’en lasser ? Dans mon cas, j’ai été victime de cette manifestation étrange pour la toute première fois au cours de l’été de mes 14 ans… et j’ai bien failli rendre folle toute ma famille à force de faire tourner inlassablement cette chanson. Je suis certaine que mes frères ne sont plus capables d’entendre Don’t You Want Me sans avoir envie de se jeter devant un camion lourd ! Pour ma part, je l’avoue bien humblement à titre de rejeton des années 1980, je suis encore un peu accro à The Human League ainsi qu’à plusieurs formations de cette décennie échevelée (Duran Duran, Wham, Pet Shop Boys, Depeche Mode, Def Leppard…) Me croirez-vous si je vous dis que j’ai tellement écouté la chanson Don’t You Want Me que le sillon du 33 tours (eh oui, c’était l’époque des tables tournantes !) a blanchi ? Sans farce !


Don’t You Want Me – The Human League

Bien sûr, je pourrais poursuivre ainsi indéfiniment en vous énumérant une longue liste de chansons qui ont laissé une empreinte dans ma mémoire émotionnelle. Je pense entre autres à cette chanson « vers d’oreille » qui a tourné durant l’été 2005, au point de donner le joli surnom de « Choupetta » à ma fille, qui venait tout juste de naître.


Choupetta – T-Rio

En fait, si je devais faire un film sur ma vie, la trame musicale serait très riche et y jouerait même un rôle principal. Parfois triste, souvent enjouée, quelque fois endiablée, elle saurait mieux raconter les grands moments ou les étapes importantes de ma vie en notes plutôt qu’en mots : mon premier chagrin d’amour (Time – Culture Club), ma première relation amoureuse sérieuse (The Greatest Love of All – Whitney Houston), ma première danse de nouvelle mariée (Babe – Styx)… Il y a tant de moments immortalisés grâce à la musique !


Time (Clock of The Heart) – Culture Club


The Greatest Love of All – Whitney Houston


Babe – Styx

Ce n’est pas un hasard si j’ai choisi d’organiser un karaoké-bénéfice qui, depuis 2012, permet de recueillir des fonds au profit de la Fondation Le Petit Blanchon. Chaque année, des personnalités d’affaires et publiques (dont la très impliquée Joanne Boivin en 2013…) montent courageusement sur scène pour interpréter une chanson de leur choix. Et chaque année, je suis séduite par les choix qu’ils font, toujours très variés mais jamais effectués au hasard. On ne peut bien interpréter qu’une chanson qui nous touche, une chanson qui a laissé son empreinte en nous. Eh oui, la musique est aussi un outil formidable pour toucher les cœurs ! Elle peut même servir à réparer des petits cœurs d’enfants brisés…

Voilà, c’est dit, « sans la musique, la vie serait une erreur, une besogne éreintante, un exil. » Ce n’est pas moi qui le dit, c’est Nietzsche, un grand philosophe. Mais je seconde !

— Marie-Josée Turcotte, Éditrice Prestige

1 réponse
  • Diane
    février 23, 2017

    Très beau texte Marie-Josée, Félicitation!
    Je suis heureuse et fière de dire que j’ai partagé avec toi l’époque de Choupetta. À chaque fois que je l’entend je nous revois sur la balançoire du chalet, toi tenant ton petit ange dans tes bras. Souvenir heureux 😊
    Didi

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